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Château d'Ussel

Cybersix

Édité par :

Dernière visite: 11/07/2023

Introduction

Le château, situé sur une crête rocheuse au bord d'un précipice, est l'une des attractions majeures de la région. L'édifice, qui se visite en été, domine de haut les communes de Châtillon et de Saint-Vincent, offrant aux visiteurs un panorama exceptionnel

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Description

Description architecturale

Le château présente un plan rectangulaire simple, divisé à l'intérieur par deux murs d'épines formant trois pièces adjacentes. Le corps central servait d'habitation, tandis que les latéraux abritaient les pièces de service, dont la cuisine. Dans la pièce centrale, à côté de la porte d'entrée, se trouvait le hall, avec un grand escalier en pierre voûté à la base et éclairé par les deux fenêtres situées à côté de la porte principale. La salle avait une longueur de 14 mètres et une largeur variant d'un minimum de 7 mètres à l'est et de 8 mètres à l'ouest.
À côté de l'entrée principale (surmontée d'un mâchicoulis soutenu par trois consoles en pierre), il y avait une autre entrée sur la droite, menant peut-être aux écuries et à la prison. Vers l'ouest, le château n'avait que deux étages, car le rocher sur lequel était érigé le bâtiment pénétrait également à l'intérieur, rendant inutilisable une partie du rez-de-chaussée.
À l'intérieur, on peut encore voir les traces des planchers, des escaliers et même des trois grandes cheminées superposées qui utilisaient la même cheminée (en forme de petite tourelle au sommet) et constituaient un moyen de chauffage efficace. Un troisième accès situé plus haut et équipé d'une poulie, était destiné à remplacer le principal pour l'approvisionnement en produits de première nécessité en cas de danger.
Du côté nord, qui est celui situé au sommet du précipice, des tourelles carrées font saillie aux angles et un corps rectangulaire plus grand au centre. Ces saillies donnent à la façade un aspect menaçant, et en particulier le corps au centre évoque le donjon, un élément qui a toujours été considéré comme un symbole de pouvoir : ceux-ci étaient en fait utilisés pour l'habitation plutôt que pour la défense, car sur ce versant, le château était déjà naturellement protégé par le précipice. Dans les deux tours latérales, on a construit des latrines et non des mâchicoulis, comme on pourrait le croire ! Aux angles de l'élévation sud, deux tourelles cylindriques ont été construites, reliées aux deux autres tours carrées par un chemin de ronde protégé par un parapet crénelé. Les pentes du toit à double pente se terminaient juste au niveau du chemin de ronde ; juste en dessous, de nombreuses gargouilles en pierre avaient été construites pour évacuer les eaux de pluie, la couverture se trouvant à l'intérieur de la maçonnerie.
Hormis l'élévation sur le précipice, les autres façades présentent un aspect élégamment décoré. Aux trois quarts de la hauteur du sol se trouve une agréable bande horizontale. Sur les côtés sud et est, le décor est formé par une série d'arcs aveugles taillés dans la pierre, qui, le long de l'élévation ouest, deviennent en dents de scie. Les pierres utilisées pour la maçonnerie, sur plusieurs sections, sont disposées en chevrons. Les fenêtres à meneaux, qui donnent aux façades un aspect résidentiel, sont toutes ornées de décorations différentes. Elles sont en forme de siège à l'intérieur et témoignent ainsi de la nécessité, qui se fera de plus en plus insistante, d'un mode de vie moins spartiate.
L'archivolte de la porte d'entrée était également en pierre taillée. Les deux fragments retrouvés (aujourd'hui disparus), représentaient deux poissons et un signe en forme d'angle droit avec une pointe.
Avant le début des travaux de restauration en 1988, le château n'était constitué que de la maçonnerie extérieure, le toit et les planchers en bois s'étaient en effet complètement effondrés.
Après les travaux de restauration, les nouveaux planchers ont été placés à la même hauteur que les précédents, mais des poutres en béton armé ont été utilisées. En outre, pour donner plus de lumière aux pièces situées en dessous, le concepteur, au lieu de construire un toit pavillonnaire en bois et en lattes comme l'original, a opté pour un toit pavillonnaire en béton armé, voûté dans la partie centrale. Le périmètre de la toiture est traversé par une passerelle en bois ; les pentes du pavillon, en revanche, sont habillées de tôle et se terminent par une voûte en plexiglas pour mieux éclairer les pièces du dessous.

Une typologie architecturale innovante : le château monobloc

Le château d'Ussel est le premier exemple de château monobloc (avec un seul corps) dans le Val d'Aoste et se présente comme une architecture intermédiaire entre le château austère de Verrès et celui, plus articulé, de Fénis. Il est d'une grande valeur d'un point de vue historique car, n'ayant pas subi d'autres interventions après sa construction, il a pu conserver ses caractéristiques d'origine.
Le bâtiment représente un tournant dans l'architecture militaire et constitue la dernière phase évolutive du château médiéval. Cette grande évolution de la typologie architecturale, évidente à Ussel, n'est pas aussi visible dans le château contemporain de Fénis. La raison en est peut-être que la construction d'Ussel s'est faite ex-nihilo, alors que les ouvrages de Fénis ou d'Aymavilles ont été contraints par les bâtiments préexistants qui ont fortement conditionné les choix de conception. Cependant, le concepteur de la forme monobloc qui caractérise le château d'Ussel a pu s'inspirer non seulement de bâtiments syriens (peut-être rencontrés lors des croisades), mais aussi de bâtiments valdôtains comme la partie résidentielle du château de Bramafan ou la maison fortifiée de Planaval.

Le château d'Ussel a été conçu pour répondre aux nouvelles exigences de l'époque:

  • besoins défensifs : bien que probablement plus à des fins de précaution que pour de véritables besoins de protection, démontrés par l'imperméabilité et la position stratégique de l'édifice;
  • puissance : il semble en effet qu'Hebalus II ait construit le château précisément pour démontrer sa grandeur et non pas tant pour défendre le fief d'Ussel, qui appartenait déjà à sa famille depuis longtemps ;évolution vers des conditions de vie moins spartiates : le changement des conditions politiques entraînant la fin des guerres privées entre seigneurs et les nouvelles innovations dans le domaine militaire, conduisent à un appareil de guerre de moins en moins imposant (en fait, il est présent à Ussel, mais il est moins visible). Par ailleurs, de nouveaux besoins résidentiels apparaissent, manifestés ici par la présence de fenêtres à coussièges à la place des embrasures, la recherche d'un appareil décoratif dans les façades, la création de belles fenêtres à meneaux, toutes décorées différemment et qui sont peut-être les plus belles fenêtres de l'époque que l'on puisse trouver en Vallée d'Aoste.

Contexte historique

Construit par Ebalo II de Challant en 1343 à la fin des vicissitudes complexes sur des questions d'héritage qui ont impliqué la famille Challant à la mort d'Ebalo Magno.
Le château a conservé sa structure d'origine, car aucune autre construction n'a été effectuée au cours des siècles suivants.
Le château d'Ussel a été habité par les Challant jusqu'en 1470. Après la mort du dernier seigneur d'Ussel, François de Challant, la famille décida de s'installer dans d'autres demeures plus confortables, si bien que le bâtiment servit d'abord de prison, puis de caserne. Au cours du XVIe siècle, il est entièrement dépouillé de son matériel de guerre et de son mobilier, puis abandonné. En 1556, il est acheté par le capitaine Paolo di Madruzzo, mais en 1573, il est racheté par Challant. En 1846, avec l'extinction de la puissante famille, tous les biens sont hérités par le Passerin d'Entrèves. En 1963, des travaux de consolidation sont entrepris, au cours desquels des "clés" sont insérées pour éviter l'effondrement du mur en aval.
En 1983, la famille Passerin d'Entrèves fait don du château à la Région, qui entreprend sa restauration grâce à une importante subvention du baron Bich, célèbre industriel originaire de Châtillon. Les travaux, commencés en 1988, sont restés à l'arrêt pendant plusieurs années et ne se sont achevés qu'en 1999. Cette année-là, le château, utilisé comme lieu d'exposition, est inauguré avec une exposition consacrée à la vie du promoteur, devenu célèbre grâce à ses stylos (Bic !). Chaque année, le château d'Ussel accueille une exposition. Depuis 2000, année de l'exposition sur le passage de Napoléon dans la vallée, les visiteurs peuvent également accéder au toit de l'édifice et, en empruntant le nouveau "chemin de ronde", ont le privilège d'admirer le splendide panorama.

Les conflits sur l'héritage d'Hebalo Magno di Challant

La construction du château d'Ussel a été conditionnée par un conflit familial complexe survenu à la suite du décès du fondateur de la famille, Hebalo Magno di Challant. Ce dernier avait désigné comme héritiers égaux ses quatre fils, Pierre, Jacques, Boniface et Jean, ainsi que les fils de son fils aîné, Goffredo, décédé depuis longtemps : Aimone, Guillaume et Hebalus. Comme le montre une ordonnance de 1324, les oncles étaient censés laisser la moitié de l'ensemble de l'héritage à leurs neveux, mais ils n'ont manifestement pas pu se mettre d'accord.
Le différend entre les deux parties s'est poursuivi pendant plusieurs années, au cours desquelles plusieurs tentatives d'accord ont été faites, mais elles n'ont jamais abouti.En 1337 enfin, un accord est conclu qui marque la fin de ce long litige. En particulier, Pierre, Jacques, Boniface et Jean reconnaissent à leur neveu Aimone le fief de Fénis et à leur autre neveu Ebalo les fiefs de Saint-Marcel et d'Ussel. En outre, Hebalus se voit accorder le droit de construire un château à Ussel, mais seulement six ans après la signature de l'accord, c'est-à-dire à partir de 1343.

La date de construction : une énigme résolue

L'accord qu'Hebalus II de Challant avait passé avec ses oncles ne lui permettait pas de construire le château d'Ussel avant 1343. Des données ultérieures confirment cette dernière date comme l'année de la construction ; de toute évidence, le seigneur de Saint-Marcel et d'Ussel commença les travaux dès que possible.

Zanolli, interprétant un parchemin transcrit par Mochet, nous a fourni une hypothèse concernant la datation du château:

"Accipe caput mittonis
cati, como e caponis
visum hominum duorum
octava die aprilis
dominus Ebalus nobilis
primium lapidem posuit
in castro quod constituit
in quodam monte Usselli"
....
"Prenez la tête de Montone (M)
de Cati, Como et Caponis (CCC)
les yeux de 2 hommes(XX, XX)
les têtes de 3 juments (III)

8 avril
Ebalo le Jeune
...
...."

Cette interprétation a été confirmée plus tard par les résultats de l'analyse dendrochronologique effectuée sur les fragments des poutres du plancher encore murés à l'intérieur de la structure.